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Le chagrin peut réellement vous briser le cœur

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Les poètes chantent depuis des siècles la complainte des cœurs brisés. Et bien il semblerait qu'aujourd'hui, les cardiologues reprennent à leur compte cette expression. Le chagrin et un stress trop important seraient réellement capables de mettre votre cœur en pièces.

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Sommaire

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  1. Le syndrome du cœur brisé, ça existe !  

  2. Syndrome de Tako-Tsubo, une "fausse" crise cardiaque

  3. Les femmes plus touchées

  4. L'importance d'un bon diagnostic

  5. Syndrome du cœur brisé : le cerveau en cause 
     

Des émotions trop fortes et la perte d'un être cher seraient capables de vous briser le cœur. Baptisé cardiopathie de stress, ce trouble toucherait principalement les femmes.

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Le syndrome du cœur brisé, ça existe !  

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Des chercheurs de l'université John Hopkins (Baltimore) ont décrit plus précisément le "syndrome des cœurs brisés" ou "cardiomyopathie de stress" 1. En 1999, l'équipe des professeurs Champion et Wittstein notait le caractère inhabituel de certains patients arrivant au centre se plaignant d'attaques cardiaques. Parmi eux, une forte proportion de femmes ménopausées qui venaient d'être victimes d'une émotion intense juste avant leur accident.

Pour mieux comprendre le phénomène, ces chercheurs ont collecté les électrocardiogrammes et différents dosages biochimiques de 19 patients souffrant de cardiomyopathie de stress, caractérisée par un spasme dans la poitrine et un affaiblissement général. Parmi les événements qui avaient amené ces malheureux à consulter, les chercheurs ont répertorié : un accident, un vol à main armée, une violente dispute et même une surprise d'anniversaire ! L'âge moyen de ces personnes était de 63 ans et 95 % étaient des femmes. Ils les ont ensuite comparés avec 7 patients atteints "de crises cardiaques classiques".

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Syndrome de Tako-Tsubo, une "fausse" crise cardiaque

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Potentiellement mortel, ce syndrome a un très bon pronostic à condition de bénéficier des traitements adéquats.

L'angiographie ne révélait aucune obstruction des artères alimentant le cœur, l'examen par les tests sanguins ne réussirent pas à déceler dans le sang les enzymes caractéristiques d'un dommage du muscle cardiaque. L'absence de dommage cardiaque a été confirmée par Imagerie par Résonance Magnétique (IRM). La capacité cardiaque revenait à la normale dans les deux semaines. En comparaison, la récupération partielle après une crise cardiaque peut prendre des semaines ou des mois et fréquemment, le dommage cardiaque est permanent.

Mais les analyses sanguines révélaient d'autres surprises, les taux sanguins de plusieurs hormones appelées catécholamines (en particulier l'adrénaline) étaient deux à trois fois supérieurs aux autres patients après attaques cardiaques et 7 à 34 fois plus importants que les personnes en bonne santé. Sous l'effet d'une libération massive de ces hormones, une partie du cœur ne se contracte quasiment pas. Il se ballonne et prend une forme d'amphore, ce qui lui vaut le nom Tako-Tsubo au Japon qui signifie "piège à poulpe". Il s'agit d'une paralysie transitoire. 

Des troubles du rythme ventriculaire, parfois graves, peuvent alors suivre. Les risques sont la mort subite, une insuffisance cardiaque aiguë, des caillots de sang dans le cœur inerte...

 

Les femmes plus touchées

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Les femmes sont plus touchées que les hommes, surtout après la ménopause (probablement à cause de la chute du taux d'hormones aux effets cardioprotecteurs). Après cette hypothèse émise en 1999 une autre équipe américaine confirme cette prédominance féminine 2 en 2005, tout comme l'issue très favorable en cas de traitement approprié.

Comment expliquer cette sensibilité féminine ? On le sait, les femmes réagissent différemment des hommes au stress. Leurs artères sont notamment plus sensibles aux effets du stress, les rendant plus sujettes aux spasmes. Ainsi, cette sensibilité féminine pourrait s'expliquer par les hormones et les liaisons nerveuses de leur cerveau et de leur cœur. Mais l'influence des hormones sexuelles sur les hormones du stress reste cependant largement mystérieuse. 

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L'importance d'un bon diagnostic

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Alors qu'au Japon, ces troubles sont connus depuis de nombreuses années, ces cardiopathies de stress n'avaient suscité que peu d'intérêt en Occident. Les prochains travaux devront permettre de savoir si certains patients ont une vulnérabilité d'origine génétique et surtout savoir pourquoi ce syndrome des cœurs brisés touche principalement les femmes.

Ces travaux permettront demain de distinguer plus aisément ces cardiopathies de stress des véritables crises cardiaques. Bénéficiant du bon diagnostic, ces personnes pourraient éviter d'être soignées toute leur vie pour une maladie cardiovasculaire qu'elles n'ont pas. En attendant, essayez autant que possible de prendre un peu de distance par rapport aux événements stressants en suivant les conseils de Doctissimo

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Syndrome du cœur brisé : le cerveau en cause ?

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Selon une étude réalisée par des chercheurs de l'hôpital universitaire de Zurich en Suisse et publiée dans l'European Heart Journal3 le 5 mars 2019, il y aurait un lien entre ce problème cardiaque et notre cerveau. Les scientifiques ont analysé l'activité cérébrale de 15 personnes souffrant d'un syndrome de Tako-Tsubo puis l'ont comparé à celle de 39 personnes en bonne santé. Résultat, les patients atteints du syndrome ont une connectivité cérébrale différente et ne traite pas les émotions de la même manière. Ils seraient plus sensibles aux émotions fortes. Cette découverte permet d'envisager de nouvelles pistes de traitement. 

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Ecrit par:

David Bême

Rédacteur en chef Doctissimo

 

Révision médicale : Dr Jesus Cardenas, Directeur médical de Doctissimo, 27 juin 2014

Mis à jour le 18 juin 2019

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